Chanteur enchanteur, Ignacio Maria Gomez est surtout un voyageur, qui s’imprègne des cultures, des traditions et en fait une musique d’un style très personnel. Il rassemble le continent sud-américain avec le continent africain, et imagine la langue divine d’une nouvelle Pangée musicale. Au folklore, il préfère alors des mantras, profonds, hypnotiques, rythmiques, invitant ainsi le spectateur à voyager dans une méditation à voix haute. Ignacio Maria Gomez décline sur un nouvel état de conscience musicale, décomplexée des structures traditionnelles des chansons, et dénudée de toute langue connue et préconstruite. Sur scène en solo, duo ou trio, il développe son monde intérieur et présente son inspiration la plus pure. Un régal pour l’esprit et pour l’ouïe des plus avisés.
Né à Bariloche en Argentine en 1992, Ignacio Maria Gomez déménage pour le Mexique à l’âge de 12 ans. Il y rencontre une communauté de musiciens qui ont rapporté de leurs voyages, en Guinée notamment, rythmes et percussions traditionnelles mandingues. Il en absorbe tous les fruits par la pratique et par l’écoute des grands maîtres, de Famoudou Konate à Mamady Keita, cette ouverture changeant le cours de son destin musical. A son retour en Argentine, Ignacio Maria Gomez a 15 ans et devient le professeur autant que le pilier d’une communauté de musiciens qu’il initie à la musique traditionnelle guinéenne. C’est alors qu’une intuition le traverse : serait-il afro descendant ? Parce qu’il en sait trop peu sur la généalogie de sa famille, il se joint au groupe de recherche de l’historien Marcos Carrizo à l’Université de Córdoba, convaincu de la nécessité d’un nouveau récit sur la représentation de la diaspora africaine en Argentine. S’engage alors une véritable quête identitaire qui le conduira, balafon et guitare sur le dos, à voyager pendant plus de cinq ans sur les routes de Colombie, du Mexique, du Nicaragua, du Guatemala ou d’Équateur à la rencontre des communautés afro-descendantes d’Amérique du Sud. Auprès des Garifunas ou de la famille Balanta à Timbiquí, il chante la bossa de Stan Getz et Joao Gilberto, se gorge des musiques-racines – tambours, marimba de chonta, samba, son jarocho, wayno – qu’il croise en chemin et partage son savoir-faire. Au cœur de l’écosystème hautement spirituel de Belesia, Ignacio Maria Gomez compose alors une “musique canalisée”, l’expression d’un supérieur à soi, source de l’inspiration comme de l’improvisation. Autant de tentatives pour trouver le chemin du retour et pour traduire les nuances de la beauté du monde, Ignacio chante dans une langue révélée et héritée de Belesia, proche par sa matérialité des icaros des chamans d’Amazonie mais aussi du malinké selon un musicien qu’il rencontre en Guinée. Il assemble les sons collectés au fil de ses voyages : silence, nuit, marimba et balafon, guitare, transes polyrythmiques, rondeurs bossa nova ou syncopes samba. Arrivé en France en 2016, il joue dans la rue contre les courbes de la Seine lorsqu’un jour un autre explorateur du son tombe sous le charme de ses incantations : le violoncelliste Vincent Ségal, qui l’invite à partager un titre au Théâtre des Champs-Élysées. C’est le début d’une nouvelle amitié, présage d’une nouvelle aventure. Après une incursion en Afrique, un crochet au Japon avec le compositeur Jun Miyake, une collaboration avec Loy Ehrlich et quelques concerts en France, Ignacio Maria Gomez matérialise les fruits du premier cycle de sa vie sur Belesia, un premier album très personnel qui réunit 10 morceaux composés entre 2009 et 2019 produits par Hélico Music en 2020. Au folklore, il préfère une libre interprétation composée de mantras hypnotiques et profonds, conçus comme une invitation à se guérir en voyageant au cœur d’une méditation à haute voix – dont la texture semble marier celle de Caetano Veloso et Bobby Mc Ferrin parfois. A ses côtés sur Belesia, le musicien invite Ballaké Sissoko, Vincent Ségal, Naïssam Jalal, Loy Ehrlich, Sebastian Notini, Andreas Unge, Guillaume Latil, Nacho Delgado, Jesper Nordenström, la meilleure des compagnies pour donner corps à cette nouvelle pangée musicale.
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Cet Été, retrouvez Ignacio Maria Gomez en concert durant l’ Inédit avec Musiques de nuit
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Crédit photo : DR